L'ensemble de la filière halieutique s'opposent au "zéro rejet en mer"

Réforme de la PCP (Politique Commune des Pêches) : la pêche de demain, sans rejets en mer ? Ce sujet a suscité des débats éclairés et parfois même passionnés entre pêcheurs français et étrangers, scientifiques, représentants de la Commission européenne, élus et autres acteurs du monde maritime présents ce vendredi 30 mars 2012 à Nausicaa, à l'invitation de la Mission Capécure 2020.
« J’ai tenu à organiser ce colloque afin de rétablir un certain nombre d’idées face à des décisions européennes qui apparaissent souvent pour ceux qui les appliquent comme déconnectées de la réalité, explique Frédéric Cuvillier, président de la Mission et de la Communauté d'agglomération du Boulonnais. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’Europe qui permet aujourd’hui de travailler ensemble ni de nier la nécessité d’imposer des contraintes. Mais il faut tenir compte des spécificités des pêches, des flottilles, de leur ancienneté… et ne pas nier non plus la volonté des professionnels eux-mêmes d’avancer et d’évoluer. Je rencontre régulièrement à Boulogne beaucoup de professionnels responsables qui attendent simplement qu’on les aide à préserver davantage la ressource grâce à une meilleure sélectivité des engins de pêche, au développement de bio-carburants ou encore à une planification de leur activité. Nous ne voulons pas d’un règlement qui fasse fi de toute réalité et qui de ce fait en devient dangereux. Car ne plus autoriser les rejets et obliger le stockage des poissons à bord posent de graves problèmes de sécurité des navires.»
Bien sûr, une telle évolution ne pourra se faire sans que le pêcheur soit accompagné. De plus, les décisions prises à Bruxelles doivent être corrélées à des études scientifiques. On ne peut sans cesse arguer que 75% des espèces sont menacées alors que nous n’avons aucune donnée scientifique pour 40% d’entre elles. Les pêcheurs attendent donc une vraie réforme de la PCP qui ne peut se résumer au rejet zéro, au rendement maximal durable et aux quotas individuels transférables. Ils veulent qu’il soit aussi question de l’avenir de la pêche qui passe par la formation des jeunes, l’attractivité de ce métier qui doit encore susciter des vocations et qui nécessite également que nos marins bénéficient d’un traitement social efficace et protecteur. En conclusion : une Commission européenne qui redonne confiance et espoir aux pêcheurs et qui protège l’emploi autant que l’environnement.
A l'issue d'une journée de débats animés par le journaliste François Grosrichard, les participants au colloque, dont une délégation de Bretagne, ont visité le bassin d'essais de chaluts d'Ifremer implanté dans les locaux de Nausicaa. Le lendemain au petit matin, ils ont été invités à découvrir le port de pêche, la criée et l'activité du premier centre européen de traitement et de valorisation des produits aquatiques.
Programme, plaquettes & éléments de communication
Présentations des intervenants
Commission Européenne - La Réforme de la PCP 2012 - les rejets
Alain Biseau - Ifremer, responsable des expertises halieutiques.
Aglia - Les travaux de sélectivité sur le métier de la langoustine du golfe de Gascogne.
CRPME - Caractéristiques de la flottille des chalutiers artisanaux multi-spécifiques en Manche - Mer du Nord
Ifremer - La sélectivité des chaluts enjeux, définition, limites.